La lettre (décembre 2024)
Ô Ami-e sur la Voie
« Notre voie est la plus simple qui soit. Être fidèle à notre nature mouvante nous fait entrer dans la rivière … » ; écrivait Y. Amar. Oui, le chemin est celui de la simplification, de se mettre en accord avec ce qu’il y a de plus simple.
Contemple la saison qui s’écoule et glisse toi de manière plus intime dans ce rythme, comme en ce qui va et vient en toi. Que cherches-tu à travers les formes, les sons et les couleurs du monde qui ne sont que le lointain reflet de la lumière silencieuse en toi.
Le long de la rivière je vois les arbres qui lentement se dépouillent et cela me rappelle la question posée d’un moine à son maître :
- Le dépouillement des arbres, ça veut dire quoi ?
- Tairo-kinpu ; répond le maître.
Une question, une réponse, une indication sur la voie.
Hirano Roshi nous traduit les idéogrammes comme suit : « Tairo, cela signifie le dévoilement (ro) de la totalité, le « révèlement » du corps (tai) originel. Autrement dit, la manifestation de la nature, de l’univers. Kinpu veut dire le vent (fû) d’or, doré (kin). Cela désigne le vent d’automne.
Assieds-toi et contemple le dépouillement, au rythme de l’eau qui coule, le vent d’automne souffle dans les branches et sur ton corps en révélant l’intime de ton être en devenir. Être c’est devenir, devenir c’est Être ; disait J. Castermane. Il nous rappelle dans le même temps cette parole de son maître, le Sage de la Forêt Noire : « M’intéresse l’être humain dans sa profondeur, dans ce que j’appelle son être essentiel. L’homme est appelé à découvrir, en lui-même, son être essentiel qui transparaît dans certaines expériences ».
Cette saison où les arbres se dépouillent, où le vent doré souffle et où les feuilles flottent à la surface des eaux en s’en allant ; cette saison n’est autre que l’expérience de cet instant à laquelle tu t’ouvres, l’occasion du dévoilement de ta vraie nature.
Alors assieds-toi simplement dans cette attitude d’ouverture et d’attention à ce qui va et vient en toi sans que tu aies quoi que ce soit à faire, ni à rajouter ou à retrancher dans cette expérience.
Dans le vent doré de l’automne
Zazen prend le goût
Du simple dépouillement