ZENDO "La Rivière Blanche"

La lettre (septembre 2025)

 

Ô Ami-e sur la Voie

 

 

« Laisse tomber les a priori

Et le monde fera parfaitement sens.

En mouvement, sois fluide comme l’eau ;

Au repos, sois clair comme un miroir ;

En réponse, sois simple comme un écho.

Garde ton esprit serein,

Comme la surface immobile d’un lac.

Perspicace et imperturbable,

Traverse la vie

Comme si tu n’existais pas.

Quand il n’y a plus rien sur quoi se quereller

Et qu’il n’y a rien à quoi s’opposer,

Tu te retrouves en paix

Et en harmonie avec toutes choses. »

 

Un texte de Tchouang-tseu que je souhaitais partager avec toi, Ami-e sur la voie. Que tu sois en mouvement ou en repos, demeure dans l’esprit de la voie qui est comme l’eau qui coule sans s’accrocher au rivage. N’est-ce pas l’indication de Maitre Sagino lors de l’exercice du tir à l’arc à J. Castermane ; « laissez cela tirer ! ». Oui, laisse cela tirer, laisse cela couler, traverse la vie comme si tu n’existais pas, non pas en niant ton existence à la manière d’un nihilisme forcené mais en ne t’accrochant pas au rivage.

Observe toutes les fois où tu désirerais t’attacher au rivage, à un avoir et une possession garantissant un moi fixe que la réalité ne cesse d’infirmer. Passe du corps que tu as au corps que tu es, pour paraphraser Graf Dürckheim et laisse cela couler en contemplant le rivage de Tchouang-tseu.

Observe toutes les fois où tu refuses et rejettes les reliefs du rivage, où tu t’opposes à cette loi universelle que cela coule et que tu n’y peux pas grand-chose sinon rien. Sois simple comme un écho dit Tchouang-tseu, clair comme un miroir, reflète ce qui se présente en coïncidant à cette réalité qui advient dans ce flot ininterrompu de la vie et du quotidien avec ce qui apparait et ce qui disparait inévitablement.

« Traverse la vie comme si tu n’existais pas, … » est un vers qui secoue le moi existentiel et en même temps invite à approfondir dans la pratique le contact avec l’Etre essentiel, notre vraie nature qui faisait dire aux anciens patriarches ; « L’existence elle-même est non existence. La non existence elle-même est existence. » (Sosan), « Depuis que j’ai trouvé le chemin du mont Sokei, je sais que naissance et mort ne sont pas différents » (Yoka Daishi). Explore au filtre de la pratique ces stances qui inauguraient tant d’autres évoquant la clarification de cette question de la vie et de la mort, question existentielle par excellence qui en entrant dans la rivière qui coule clarifie l’évènement de la naissance et de la mort.

Trouveras-tu ton chemin du « Mont Sokei », ce lieu du retour à soi où la question du « quand se sent-on chez soi » devient aussi transparente que l’eau qui coule ?…

 

 

Cercle zendo

Comme la lune illumine la nature

Ainsi elle éclaire mon coeur

 

Date de dernière mise à jour : 31/08/2025